Qu'est-ce qu'un pèlerin ?


C'est d'abord celui qui consent à sortir de sa maison pour se mettre en route, c'est à dire sortir de ses habitudes, de son confort, de tout ce qui fait la douceur (ou l'apathie) de la vie quotidienne. Au point de départ il y a donc un certain renoncement et c'est déjà l'Évangile. C'est l'Évangile vécu pour soi avant d'aller l'annoncer aux autres.

C'est aussi le dépouillement. Celui qui doit se mettre en route n'emporte pas de bagage inutile. Il faut laisser à la maison son robot multifonctions et son poste de télé... Le sac qui pèse trop lourd sur les épaules ralentit la marche. La route est une leçon d'humilité et de simplicité. 
C'est une leçon encore de vérité. On ne triche pas avec la route. Elle est devant le pèlerin avec toutes ses exigences : le soleil ou la pluie, le chaud et le froid; les montées abruptes et les descentes rapides; tout ce qui exige attention, courage, maîtrise de soi. La route est donc avant tout une rude école pour le pèlerin. C'est une ascèse.

La route est encore une école de prière.  Le dépouillement purifie l'âme et la rend apte à recevoir. La vision de Dieu n'est perceptible que par un cœur pur. Vision de Dieu dans ses œuvres, dans les signes édifiés par les hommes, dans les cœurs des pauvres rencontrés. Le pèlerin chemine toujours vers un haut lieu. Haut lieu du souvenir, haut lieu de la prière. Il a conscience de mettre ses pas dans les pas de milliers d'hommes et de femmes qui l'ont précédé, en quête d'un même souffle régénérateur, d'une même foi, d'un même message.

Ce message doit transformer intérieurement le pèlerin, mais on n'est jamais pèlerin tout seul ni pour soi seul. Chaque pèlerin est toujours l'Église en marche. Quel qu'il soit, où qu'il soit,  il  demeure un témoin.  Nous devons toucher du doigt l'importance et la nécessité du pèlerinage. Certes, le premier bénéficiaire est le pèlerin lui-même. École d'ascèse, école de vérité, école de prière, la route devient une école de foi. C'est la foi qui rentre par les sens éveillés, par les pieds et par le cœur. 

Le pèlerinage ne saurait être un voyage touristique. Il se prépare spirituellement, il exige effort et sacrifice. 
La foi pénètre lentement l'esprit au rythme lent des pas, par les formules maintes fois répétées, toujours les mêmes, mais toujours remplies de sens et plus intimes. On peut méditer à l'infini toutes ces formules brèves et chargées de la grâce de Dieu redites par des milliers et des milliers de lèvres, mais toujours neuves, parce qu'elles sont des mots d'amour.